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Lait Choisir le taureau le plus adapté

Par Vincent Guyot

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La sélection génétique tient un rôle central dans l’activité d’élevage. C’est même son essence : conserver les animaux qui présentent des caractères d’intérêt et les faire se reproduire pour obtenir un progrès génétique. Le choix du taureau reproducteur est donc déterminant : il servira à poursuivre le progrès génétique engagé, voire corriger certains défauts. Dans un élevage laitier, en moyenne, 25 à 30 % du cheptel est renouvelé chaque année.

Stratégies plurielles

Avec la multiplication des index, les éleveurs disposent de nombreuses voies d’amélioration, tant sur les caractères de production (quantité et qualité du lait), de morphologie (format, mamelle, pieds) que sur les fonctionnels (santé de la mamelle, fertilité, longévité). De quoi satisfaire la diversité des systèmes d’élevage français. Dans un contexte laitier mouvant, les éleveurs ont intérêt à choisir en premier lieu la race la mieux adaptée à leurs objectifs, avant d’adopter une stratégie de sélection économiquement cohérente.

Dans le Doubs, Hervé Duquet a opté pour la race montbéliarde (lire p. 56). Sa priorité est de produire un lait sous AOP (1) de qualité, destiné à la fabrication d’un fromage au lait cru, le morbier. Il a systématisé le génotypage de ses génisses de renouvellement, afin d’écarter les animaux qui ne correspondent pas à ses objectifs et de choisir précisément les reproducteurs pour les femelles restant sur l’élevage.

Benoît Souvré et Alexandre Beaumont, éleveurs dans l’Orne, n’ont pas la possibilité de valoriser leur lait via un signe officiel de qualité (lire p. 57). Pour créer de la valeur ajoutée, ils ont choisi d’exploiter la mixité de la race normande en valorisant leurs vaches de réforme et leurs bœufs. Dans le choix de leurs taureaux d’insémination, les caractères de musculature et de format sont donc regardés avec attention.

Le troupeau de Philippe Ibar et Patxi Funosas, dans les Pyrénées-Atlantiques, prouve que la race prim’holstein peut faire du volume et des taux simultanément (lire p. 58). Produire de la matière utile, c’est leur stratégie pour gonfler leur paie de lait. Le tout, sans faire exploser le coût alimentaire. Les associés utilisent au maximum les fourrages produits sur l’exploitation et misent sur la sélection de reproducteurs favorables aux taux de matières grasse et protéique. Un effort engagé dès l’installation de Philippe, il y a vingt-quatre ans.

S’armer de patience

Tous ces éleveurs sont unanimes : le travail de sélection génétique demande patience, rigueur et persévérance. Car cueillir le fruit de ces efforts nécessite du temps, tout comme revenir sur une stratégie de sélection passée. L’exemple du taux de matière grasse du lait illustre cette inertie (lire p. 58). Longtemps contraints par la référence matière grasse, de nombreux éleveurs ont délaissé le taux butyreux (TB) dans leurs choix de taureaux au cours des vingt dernières années. La fin des quotas laitiers en 2015 a renversé le contexte de production. Les industriels réclament à présent un lait bien pourvu en matière grasse.

Si le travail de sélection de reproducteurs favorables sur ce critère est déjà initié, du temps sera nécessaire pour regagner les points de TB perdus au fil des générations. Il faudra surtout une rémunération plus incitative de la matière grasse pour encourager et récompenser les efforts engagés par les éleveurs.

(1) Appellation d’origine protégée.

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